-« Samedi, on va voir une comédie musicale? » -« Euh… Genre Roméo et Juliette? » -« Nan, plutôt Alice au pays des merveilles au théâtre du châtelet »
Sur le coup, j’entends Châtelet les Halles et comédie musicale, je suis moyen chaude et j’hésite deux secondes avant d’abdiquer par curiosité. En plus, j’accompagne ma copine Céline et j’ai jamais traîné mon gros corps dans ce fameux théâtre.
Rendez-vous devant ce monument haussmannien du XIXème siècle. On grimpe jusqu’aux amphithéâtres (les prix de la représentation vont de 14 à 55 euros) et je découvre une salle de spectacle « bella », et je comprends pourquoi « les gens du coins ne voulait pas la cher-là ». Lustre en cristal, sièges en velours (un peu riquiqui mais à 18 euros, on va pas faire nos rouscailleurs), rosaces au plafond, bref un joyau du second empire.
Wonder.land s’anime sous mes yeux ébaubis. « Alice au pays des merveilles » revisité à la sauce 2.0 par Rufus Norris et Moira Buffini, c’est l’histoire d’Aly jeune ado paumée, chahutée à l’école et dont les parents se déchirent qui va s’évader via un jeu en réseau « Wonder.land » et créer son avatar « Alice » selon ses critères de perfection.
Composition musicale assurée par Damon Albarn (le chanteur de Blur et de Gorillaz) qui nous emmène dans le monde surréaliste et fou d’Alice au pays des merveilles. Sonorités électroniques, envolées pop et chansons traditionnelles des comédies musicales rendent le spectacle époustouflant.
Ce n’est pas une adaptation du roman de Lewis Caroll mais bien une relecture, un prolongement de cette œuvre dans notre monde moderne. Les métaphores sont bien trop nombreuses et on peut se perdre dans les innombrables thèmes sociaux (les relations conflictuelles parents/ enfants, l’addiction aux réseaux sociaux et aux portables, le mal être de l’âge ingrat, l’injustice sociale, la politique éducative ou policière…), mais la mise en scène, les costumes, les décors mobiles et l’énergie des comédiens défoncent sa mère.
Mention spéciale pour:
- le lapin automate aux oreilles en forme de gélules d’antidépresseurs, au visage grillagé qui cache une tête de mort et qui invite Aly/ Alice à une quête effrénée vers quoi? On sait pas, et on s’en fout.
- Mrs Manxome, la dirlo complètement toquée qui vogue entre Cruella et la Reine de Coeur. Elle est hystérique, apocalyptique, volcanique, et veut couper des têtes. Rien que pour elle, ça vaut le coup de venir jusqu’au Châtelet.
Pour plus de renseignements et surtout pour pécho sa place avant le 16 juin, c’est ici: http://chatelet-theatre.com/fr/event/wonder.land