Pour cette nouvelle année, je continue la série des lectures féministes et c’est en écoutant « ode to her » de Mar que j’ai sélectionné trois références à lire et surtout à savourer.
Femmes de dictateur de Diane Ducret:
Les dictateurs, on en a soupé pendant nos études: Lénine, Mussolini, Hitler, Staline… Ce sont des hommes qui ont été violents, autoritaires, tyrans et qui ont eu leur moment de gloire (et fort heureusement de chute). Et les femmes dans tout ça, leurs femmes, leurs maîtresses, leurs épouses? Qui sont-elles? Qu’ont-elles subi? Les ont-elles influencés? Diane Ducret répond à ces questions en racontant les destinées des femmes qui ont croisé les chemins de ces dictateurs.
C’est un livre aux révélations parfois surprenantes et originales, même si on a un petit goût de trop peu. Diane Ducret nous relate des faits (elle s’appuie sur de nombreuses recherches historiques), mais il n’y a pas d’analyse. On se régale de petites anecdotes sans trop réfléchir au rapport homme / femme de ces époques pas si lointaines… A lire tranquilou bilou en buvant un thé aux épices et en criant « Le roi est mort, vive le roi! ».
La servante écarlate de Margaret Atwood:
On ne présente plus ce livre, qui a d’ailleurs inspiré une série TV sortie cette année « The Handmaid’s Tale ». Margaret Atwood est une des plus grandes romancière canadienne de science-fiction (quoiqu’elle préfère parler de fiction spéculative). Et si vous ne devez lire qu’un seul de ses romans, dévorer la Servante Ecarlate.
On considère ce livre comme une dystopie (kezako? C’est une société imaginaire, régie par un pouvoir totalitaire), mais Margaret Atwood explique que ce n’est pas si simple. Point important, l’auteure a commencé l’écriture de son livre à Berlin Ouest en 1984 (encore encerclé par le mur à cette époque).
Dans un futur pas si lointain, la religion domine la politique et dans cet état totalitaire les femmes fertiles sont des outils de reproduction (les servantes), les autres sont soit des épouses (les seules femmes ayant du pouvoir), soit des Marthas (qui entretiennent la maison), ou tout simplement rien (elles sont alors déportées dans les colonies et passent leurs vies à manipuler des déchets toxiques).
Ce roman qui date de 1985 se voulait hypothétique « Que se passerait-il si…? » Il anticipe pas mal de questionnements dans notre présent (la liberté des femmes s’arrêtent où la liberté des hommes commencent? De quoi sont capables les êtres humains pour être tout puissants? Les femmes sont-elles maîtresses de leur propre corps?…)
Margaret Atwood s’est fixée une seule règle: elle n’inclut rien que l’humanité n’a pas déjà utilisé (les pendaisons en groupe, les victimes tuées par la foule, les tenues propres à chaque caste, les enfants volés etc…). Toutes les actions ont des antécédents dans notre société occidentale (et au sein de la religion chrétienne), ce qui rend ce roman encore plus dure à lire (puisque réaliste). Finalement, peu de choses ont été inventées, si ce n’est cet état totalitaire (mais cela n’a-t-il pas déjà été mis en place dans notre monde?).
La narration peut être déroutante, j’ai eu une sensation d’étouffement pendant toute la lecture, comme s’il fallait que je lise vite ce roman. Il ne se passe pas grand chose pendant plus de la moitié du roman, puis tout s’emballe. Pourtant, j’ai eu la sensation que tout se passait hâtivement, comme si le temps était compté. Ce livre est à avaler sans indigestion à la clef mais avec pas mal de questionnements une fois englouti.
Pour connaître l’actualité de Margaret Atwood, lien sur son Site.
Betty Boob de Vero Cazot & Julie Rocheleau:
Pour faire un lien avec le roman précédent, cette BD est endiablée. Le rythme est frénétique. Tout commence par la disparition d’un sein, le sein d’Elizabeth. On découvre avec elle ce chemin de croix pour affirmer qui elle est, sans ce sein. Comment se définir en tant que femme sans cet attribut, qu’est-ce que la féminité? Quel est notre rapport au corps, et à l’autre? La dureté de la société face à la maladie, les rencontres qui surgissent et qui nous révèlent à nous-même.
Dans cette bd, il y a très peu de dialogue, l’héroïne prends toute la place, elle est plus que vivante, Betty est vibrante. Entre fable burlesque et conte féministe, le style aux couleurs douces mets en lumière tout le panel des émotions ressenties par Betty: la peur, l’angoisse, la tristesse mais aussi la joie, l’humour, le bonheur, l’Amour…
Moi qui n’aime pas particulièrement la poésie, j’ai été envoutée par cette oeuvre romantique. Une ode à la liberté, tout ce dont j’avais besoin en cette fin d’année.
Lien vers l’éditeur casterman pour acquérir ce petit bijou.
« No body is perfect »
Pour finir en douceur, une chanson qui met en avant les femmes avec délicatesse et tendresse…