Lectures féministes du mois de juin : Who run the world ?

C’est le printemps mais pas le temps pour des amourettes de vacances. Dans les lectures féministes du mois de juin, je parle de violence, de meurtres, de bagarres, de discrimination. Parce qu’il faut se battre pour exister, que rien n’est acquis mais que seul la solidarité pourra nous sauver. Au travers de trois histoires, les femmes prouvent encore et toujours qu’elles sont puissantes et qu’elles vaincront. Croix de bois, croix de fer, c’est nous la force de cette terre.

Crime d’honneur d’Elif Shafak :

Elif Shakaf Crime d'honneur

Elif Shakaf est l’écrivaine la plus lue de son pays : la Turquie. Féministe, politisée, elle est même passée devant les tribunaux d’Erdogan pour la publication de son roman « la bâtarde d’Istanbul » dans lequel elle évoque le génocide arménien. Elle vient de sortir un nouveau roman « Les trois filles d’Eve ». Mais, aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de « Crime d’honneur » sorti en 2013. Pourquoi celui-ci ? Tout simplement parce qu’à travers le crime d’un homme transparaît la folie de la domination masculine sur les femmes.

Les romans d’Elif sont des histoires bouleversantes, féminines, souvent tristes mais avant tout porteuses d’espoir. « Crime d’honneur » conte le récit d’une famille kurde sur trois générations. On va suivre la vie des jumelles Pembe la superstitieuse et Jamila la guérisseuse, et tenter de comprendre la fin tragique de ce duo éloigné et pourtant étroitement lié (l’une a immigré en Angleterre, l’autre est restée en Turquie). En parcourant l’Angleterre punk des années 80 et la Turquie patriarcale, s’entrecroisent l’identité, la domination masculine, l’honneur, l’amour.

A l’image d’Elif, ce livre est une ode à la deuxième chance et surtout à la solidarité.

« Quand une femme parle, elle en inspire une autre, c’est important. Le temps de la solidarité mondiale est venu. » Elif Shakaf

On ne naît pas grosse de Gabrielle Deydier :

Gabrielle Deydier On ne naît pas grosse

On commence tout juste à parler de la grossophobie, qui désigne les attitudes hostiles et discriminantes envers les personnes en surpoids. Daria Marx et Eva Perez-Bello fondatrices du collectif « Gras politique » viennent de publier un manifeste sur le sujet « Gros n’est pas un gros mot ».

Ce mois-ci, je vous parle donc du livre témoignage de Gabrielle Deydier, sorti en juin 2017 : « On ne naît pas grosse ». Au travers de son récit personnel et d’enquêtes journalistiques, l’auteure dénonce les discriminations dont 16 % de la population française est victime. « Après avoir été méprisée et jugée pendant des années, j’ai décidé d’écrire pour ne plus m’excuser d’exister », voilà comment débute ce livre. C’est violent et ça remet les choses dans le contexte.

Gabrielle parle donc de son vécu et explique que les femmes grosses bien qu’à peu près identiques en terme de proportion que les hommes (16 % de femmes – 14 % d’hommes), vivent différemment leurs poids de leur congénère masculin. L’obsession du corps féminin n’est absolument pas la même que celle des hommes. D’où la double investigation de Gabrielle : le rapport entretenu par la société sur la femme grosse et l’origine de sa propre obésité.

C’est un livre féministe, intime, qui permet de mettre des mots sur des attitudes discriminantes. Je l’ai dévoré, et malgré un léger goût de trop peu c’est un premier pavé dans la mare dans ce monde qui invisibilise les personnes en surpoids.

Il est nécessaire de reconnaître que ces discriminations existent et de les combattre tous ensemble. Afin que chacun puisse vivre sereinement avec son enveloppe corporelle qu’elle soit maigre, grosse ou rien de tout ça.

« ll a fallu que je lise King Kong Théorie de Virginie Despentes pour que je comprenne le concept de femme virile.” Gabrielle Deydier

Bitch Planet de Kelly Sue Deconnick, Valentine De Landro :

Bitch Planet

Rien que la couverture est une ode à la baston : « Gangs de meufs, en rage & en cage ! » dans un monde gouverné par le diktat des hommes, les femmes non-conformes, trop grosses, trop maigres, trop timides, trop effrontées, trop sexy ou pas assez finiront leur vie sur Bitch Planet. Une prison pour femmes en orbite au-dessus de la Terre.

Ici on parle de la non conformité, de la féminité, de ce que nous sommes et de ce qu’on renvoie. Bien plus qu’une bd, c’est une vraie réflexion au travers des personnages féminins que l’on découvre (notamment avec des flashbacks de leurs vies passées). L’ouvrage en lui-même est magnifique et en prime, à la fin, on a un dossier complet sur le féminisme et la pop culture.

« Le féminisme se doit d’oeuvrer pour toutes les femmes. » Mikki Kendall

 

1 Comment

  1. 1011 says: Répondre

    Je retiens cette phrase d’ Elif Shakaf « Quand une femme parle, elle en inspire une autre, c’est important. Le temps de la solidarité mondiale est venu. »
    En écho à votre article sur cette terrible pratique, une contribution artistique : plasticienne engagée, j’ai réalisé une oeuvre intitulée « Vera Icona » sur les crimes d’honneur.
    A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/vera-icona_5.html

    Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html

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