C’est toujours pareil, l’Histoire est bourré de testostérone, on parle des grands hommes, des scientifiques, des sportifs, des sages, des musiciens. Pourtant, l’origine est une femme. Ce mois-ci, je vous parle de femmes au travers des hommes, avec mes lectures féministes : Jane Austen, Rebecca Solnit, Liv Strömquist.
« Orgueil et Préjugés » de Jane Austen :
À ma plus grande honte, je n’avais jamais lu de roman de Jane Austen. Ce mois-ci j’ai décidé de découvrir l’une des grandes romancières anglaises du XIXème siècle. J’ai commencé par lire « Raison et sentiments », et ce fut le drame, j’ai trouvé ça gnangnan. En même temps, Jane a écrit ce roman à 18 piges, ceci explique peut-être cela. Mais comme j’aime vous parler de livres que j’affectionne, je lâche pas l’affaire et je me plonge dans « Orgueil et Préjugés ».
Vous l’aurez compris, ce roman est un petit bijou, elle y décrit les préoccupations de la moyenne bourgeoisie anglaise, et surtout elle parle d’Amour, de mariage (Clin d’oeil à Meghan et Harry. Vive les scones, le tea time et God Save the Queen !) et de la condition féminine au travers du mariage avec beaucoup d’humour.
Jane Austen est née en 1775 dans le Hampshire en Angleterre, élevée dans une famille de huit enfants, elle aura la liberté de lire tous les bouquins de la bibliothèque de son père, le révérend Georges Austen. Chose rare pour une fille de cette époque. Et qui l’a marquera profondément dans la mesure où dès ses 11 ans, elle commence à écrire.
Dans « Orgueil et Préjugés », l’héroïne Elisabeth ressemble étrangement à Jane. De par son attitude, son aptitude à critiquer les autres en laissant libre cours à ses préjugés.
Dans ce roman, deux histoires d’amour s’entrecroisent : celle de Jane (soeur d’Elisabeth) et Charles, une histoire de passion et de patience. Et celle d’Elisabeth et Darcy, qui ressemble plus à une histoire de haine. Mais c’est justement tout le piment de cette aventure.
Au-delà de l’intrigue, la narration de Jane Austen est un pure régal, je ne me suis jamais ennuyée malgré les descriptions de caractères et de sentiments de chaque personnage. Cela permet d’avoir une fresque de la vie provinciale anglaise, et de contextualiser le récit, c’est bien à propos.
Bref, par son sens de la réalité et son ironie Jane Austen nous embarque dans une fable historique où les hommes proposent et les femmes disposent.
« Ces hommes qui m’expliquent la vie » de Rebecca Solnit :
J’attendais avec impatience la sortie en France de cet essai. Voilà chose faite et c’est avec jubilation que je vous présente le livre de Rebecca Solnit « Ces hommes qui m’expliquent la vie ».
Rebecca Solnit est une écrivaine, historienne et activiste américaine. Engagée dans la lutte des droits de l’Homme, le droit des femmes, l’écologie, etc. Cette meuf est sur tous les fronts, elle écrit pour le Guardian, le Harper’s Magazine et j’en passe.
Donc, t’as saisi c’est une meuf badass, inspirante qui, en 2008, a fait le buzz avec une anecdote publiée sur le blog Tom Dispatch. Lors d’une fête organisée à Aspen, un homme coupe la parole de Rebecca en lui demandant si elle connait ce livre très important sur Muybridge. Sans vraiment écouter sa réponse, le gars lui fait toute une dissertation sur le sujet. À plusieurs reprises, Sally, l’amie de Rebecca dit à ce monsieur je-sais-tout (et surtout mieux qu’une femme) que c’est Rebecca herself qui a écrit le bouquin. Mais le bonhomme a mis plusieurs minutes avant d’entendre et de comprendre ce fait.
De cet article est né l’essai « Ces hommes qui m’expliquent la vie » et le néologisme « mansplaining » qui définit ce moment gênant ou un homme tente de t’expliquer sur un ton paternaliste un truc que tu sais déjà mais qu’il pense connaître bien mieux que toi.
Dans cet essai, nombreux sont les thèmes développés : les violences faites aux femmes, le mariage pour tous, l’effacement des femmes dans l’Histoire, les liens entre machisme et capitalisme… Tout ceci avec force de statistiques bien flippantes (aux USA, une femme est battue par un homme toutes les 9 secondes. God bless America !), de faits divers et de références pointues.
Merci donc à Rebecca Solnit de verbaliser des choses que les femmes vivent au quotidien. Parce qu’à l’image d’une maladie, pouvoir diagnostiquer des agissements machistes, c’est un premier pas pour soigner notre société.
« I’m every woman » de Liv Strömquist :
Depuis ses premiers fanzines en 2003 jusqu’à la sortie de cette quatrième bande dessinée Liv Strömquist s’engage. Elle dénonce le patriarcat, les tabous autour du sexe féminin (notamment dans « L’origine du monde »), le capitalisme et la crise climatique (dans sa bd « Grandeur et décadence ») etc.
C’est une femme libre, qui est devenue féministe à 17 ans lors d’une conférence donnée par une chercheuse suédoise. Elle explique dans une interview donnée à Bodoï qu’après cette fameuse conférence, elle a lu tous les livres féministes de la bibliothèque de sa ville. Cinq bouquins. Il n’y avait que cinq ouvrages féministes dans ladite bibliothèque. Son envie de s’investir est née, Liv devient féministe.
Dans « I’m every woman » (titre d’une chanson de Shaka Khan soit-dit en passant), Liv dénonce la domination masculine au travers des histoires de femmes qui sont en couple avec des hommes connus. Son but est d’expliquer (avec beaucoup d’humour et de second degré) pourquoi ses femmes n’ont pas la place qu’elles méritent dans le monde de l’art. Son dessin est brut, parfois en couleurs, souvent en noir et blanc (c’est une fan de Marjane Satrapi, ça se sent, ça se voit).
En répondant à la question « Qui étaient les pires boyfriends de l’Histoire ? », elle nous fais découvrir des femmes extraordinaires aux destins hors du commun.
Ce mois-ci, les lectures sont engagées, on laisse la place aux femmes. Des femmes qui méritent leurs places dans l’Histoire, qui ont droit à la parole et surtout de décider de leurs vies. Mesdames, soyez fortes et ayez confiance en vous. Comme disait Tupac « Please. You got keep ya head up ! »