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MARATHONIENNE – Paris 2017

Le marathon, c’est un peu le graal du coureur, c’est le pompon sur la Garonne, la glace sur le cornet, mais comment arrive-t-on à se dire « tiens, dimanche, je ferais bien 42 kms de run pour le plaisir ? »

Pour ma part, voilà déjà 4 ans que je cours pour différentes raisons que je vous invite à lire ici. Au début, je me suis lancée le défi sur 10 kms, puis sur semi-marathon, et puis avec des trails parce que le bitume ça fait mal et que l’esprit trail c’est quand même autre chose (TUC au ravito et caca dans la forêt).

Je suis d’une nature trop très organisée et pour moi un marathon ça se mérite, ça se murit, ça doit venir de ses tripes (ouais, le sport me rends un peu hystérique). En gros, mon corps me disait « vaz-y, lance toi ! Un marathon c’est rien, peanuts, même pas mal », et ma tête répondait « nan mais ça va pas ? Tu crois quoi, que t’es aussi forte que Katherine Switzer ? Remballe tes rêves meuf et essaye déjà de bien maîtriser ta foulée. »

Et puis, les courses officielles commençant à s’accumuler, la mode du « running » aidant, j’ai pu voir que d’autres se lançaient ce défi sans trop de pressions et avec mon teammate on s’est motivé, on a craqué notre PEL et on s’est inscrit au marathon de Paris (oui parce que ça vaut son pesant de quinoas cette petite promenade) avec pour objectif de le faire ensemble du début à la fin.

Pendant 12 semaines, on a accumulé des kilomètres sous la pluie, sur la neige, avec parfois des températures hivernales négatives bien trop rudes (on a investi dans des bonnets et des gants c’est dire le niveau d’engagement).

Je te cache pas que ta vie sociale en prend un coup, tes vendredis soirs se transforment en soirée d’ermite avec le combo : tisane et plaid. Parce que le lendemain à la fraîche t’as une session longue de 2 heures à taper. Tu oublies les soirées raclettes jusqu’à pas d’heure et tu esquives toute invitation alléchante à base de frites/ coca. En clair, on en a chié pendant 12 semaines et nos proches aussi (coeurs avec les doigts de pieds pleins d’ampoules à vous tous 😉 pour pouvoir arriver dimanche dernier devant l’arc de triomphe.

Le marathon de Paris est l’un des plus prestigieux : 42 500 finishers foulant le pavé de la plus belle ville du Monde (toujours aussi chauvine, je ne le répèterai jamais assez : Paris est magique !). Les sas de départ sont parfaits. On a de la place, pas de bousculade, suffisamment de toilettes pour que tout le monde puisse faire ce qu’il a à faire.

On joue à domicile, on a donc aucun stress avec le parcours. En revanche, il fait chaud, très chaud, et cette petite perturbation fera basculer notre aventure (mieux qu’un teaser, t’es posé, t’as les pop corns, le film peut commencer ?).

Le départ est lancé à l’heure. Les coureurs partent lentement, pas de moteur v6, pas de perles de sueurs dès les premiers 500 mètres, chacun suit son rythme de croisière pépouze. Mon teammate et moi laissons filer les kilomètres de la Concorde à Bastille. Il fait beau, les oiseaux chantent, on monte l’avenue Daumesnil en espérant voir nos proches sur le bas côté. On rentre dans le bois de Vincennes, jusqu’ici tout va bien. L’ombre des arbres nous protègent du soleil. On trottine, on est concentré, chacun dans sa bulle. Pas besoin de causer pour vivre ensemble cette histoire. On rentre à nouveau dans Paris, on entend les cris de nos proches, on repart reboosté au 21 ème kilomètre.

Et vers le 23 ème, je demande à mon binôme son échelle de douleurs. Je sens qu’il sert les dents, et là le film bascule : les crampes. Il a des putains de CRAMPES. A partir de ce moment, plus rien ne sera comme avant.

Mon frère déguisé en Mario Bros et un ami barbu au poum poum short nous rejoignent au 25 ème pour faire un bout de chemin avec nous, nous encourager, nous motiver mais je ne pense déjà plus à moi. J’oublie ma course, je ne pense qu’à une chose « un pas devant l’autre, il faut qu’il mette un pas devant l’autre pour finir ce marathon. Il va le faire, il doit pas s’arrêter. JAMAIS. »

Les quais et leurs tunnels vont épuiser ses ressources. Je n’ai pas vu l’île Saint Louis, ni la tour Eiffel. Je me suis focalisée mentalement et physiquement sur la douleur de mon partenaire. J’ai croisé une amie vers le 27 ème et son eau nous a permis de ne pas mourir dessécher sur le côté.

On récupère un poto au 30 ème kilomètre qui essaiera avec énergie de nous pousser plus loin avec bienveillance et frappes dans les mains, au 35 ème mes amis et ma famille sont là avec banderoles et déguisements. Merci, merci milles fois pour votre soutien.

Alors, je ne pourrai pas vraiment vous expliquer tout ce qui s’est passé entre le 35 ème et le 40 ème, mais j’ai vu que rien n’est acquis, que la force est dans la tête de celui qui souffre. Je me suis sentie impuissante, et coupable de ne pas avoir mal.

Au 41 ème nos proches nous laissent terminer notre combat et ce dernier kilomètre à deux fût à la hauteur de ce qui nous lie. Ce marathon ne ressemble pas à celui qu’on s’était imaginé. Il est bien mieux, il signe notre amitié.

Mawee :

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  • Bon et ben je chiale !! Bravo marathonienne et bravo à ton poto plein de grave. Ton histoire c est la nôtre. J ai embarqué mon mari sur le marathon de Paris l année dernière et tout comme lui des crampes. On a fini au mental mais si heureux ensemble. Notre vie sociale en prépa marathon en prend un coup mais bon ça vaut le coup lorsque tu mets au tour du cou. Tu sais on résigne cette année et là on va récupérer nos dossards. Et pourtant il m avait dit je n en ferai qu un je lui avais dit oui oui tu verras. Notre coup de cœur se sera en novembre. Mon rêve va se réaliser courir le marathon de NYC et il se joint à moi. Bon Run à toi

    • Merci à toi ! Et bravo à vous deux. Que ce marathon 2018 soit aussi beau et grand que le précédent ;)