A Paris, on court. Après son métro, le temps, l’amour. Et puis sans trop savoir pourquoi, tu te mets à courir pour de vrai. Avec des vraies baskets et tout. Parce que tu veux rentrer dans ton bikini cet été, Parce que tu veux oublier ton ex/ ton travail/ ton banquier/ la mort de nounouille ton lapin nain, ou tout simplement parce que t’aimes le sport.
Et puis y a ta copine alice la grande godiche, droguée au tofu et aux algues sans gluten, qui n’a eu de cesse de te répéter que courir c’est la vie. Alors bon, comme d’après Alice la grande godiche t’as pas encore vécu, soit. Tu prends ta vieille paire de reebook du collège et tu fais le tour du pâté de maisons.
Et là. Bah là, c’est le drame en fait. 10 minutes, oui, oui, tu as bien lu, 10 minutes de courses et tu suffoques, tu es plus rouge que la plus rouge de tes cerises, t’as l’impression que tes doigts sont boudinés, que tu n’as plus de cœur, que tes jambes ne sont plus reliées à tes cuisses, bref tu ressembles à choubaca. Et Cristina te glisse à l’oreille : « Ma Chériiiiiii, ça va pas du tout là ! Tou est en sueur, en SUEUR, c’pas bon ça hein, va falloir t’entraîner ! »
Alors, comme t’es une guerrière (mode xena activée), tu recommences le lendemain, et BIM 15 minutes de course sans pleurer. Et là, tout s’enchaîne très vite, tu deviens une accro à ses séances de run, oui on dit run d’après ceux qui savent (tu ne sais d’ailleurs toujours pas qui sont ces gens soit dit en passant), le jogging c’est so 2000. Bref, tu voles, et tu commences à t’inscrire à des courses officielles.
Alors, comme t’es une fille, tu optes pour les courses de girls, en te disant que mélangée dans la masse de fessiers rebondis, personne ne remarquera ta cellulite. Détrompe-toi, jeune ingénue ! Rien de pire qu’une gazelle jugeant une antilope.
Viens le moment critique, l’élément crucial qui va tout faire basculer : la BOUFFE.
Parce que tu t’es renseigné quand même, faudrait pas te prendre pour la dernière des truffes, t’as lu l’almanach des sports, et tu sais qu’il va falloir te séparer de ton pot de nutella et tes fraises tagada.
Courir, acheter des baskets colorées, des shorts anti-transpirants, boire de l’eau, ça c’est sympa, mais toucher au sacrosaint repas…. C’est une autre paire de manches.
Déjà que ta mère te lance des tirs de snipers, depuis que tu brûles le pavé : « mais t’as plus qu’la peau sur les os, et puis après quoi qu’tu cours comme ça ? Un garçon ? Et pourquoi qu’tu cours d’abord ? Pour maigrir ? »
Alors, si en plus tu dois refuser les spaghettis carbonara du dimanche familial. Tu imagines déjà Tchernobyl dans le salon de tes géniteurs.
Donc, tu en es là, tu te poses milles questions sur : manger sain/ Arrêter de manger/ Partir vivre en Amazonie et te nourrir d’insectes…. Et puis là, tu as un coup de génie, une idée lumineuse : tu vas faire ce qu’il te plaît. Et ça, bah ça c’est la vie, Ta vie.