Lectures féministes du mois de novembre : Bad Girls

Les lectures féministes du mois de novembre sont différentes, chacune a sa propre identité, sa culture et c’est bien ce qui donne envie de les lire. Au menu de novembre, je vous parle d’une bande dessinée gastronomique et de la place de la femme dans une entreprise majoritairement masculine, d’un roman sur la génération Y et d’une histoire pleine de saveurs rythmées par la pression sociétale au Vietnam.

Millénium Blues de Faïza Guène :

Il y a 13 ans, je lisais le premier livre de Faïza Guène « Kiffe, kiffe demain« , je l’avais parcouru en me disant que ce n’était pas vraiment de la grande littérature. Elle utilise l’argot en dressant le portrait de gens ordinaires. J’étais bien dure à 20 ans – ou déjà critique Télérama. Entre temps, elle a écrit « du rêve pour les oufs » en 2006 et « Les Gens du Balto » en 2008, que je n’ai pas pris la peine de lire, compte tenu de ma déception de jeunesse. Inflexible que j’étais !

Le dernier roman de Faïza Guène, paru cette année, m’a attiré par son titre : « Millénium Blues« . Faïza Guène est de ma génération, elle parle donc de mon époque, avec des yeux de trentenaire. Allez hop, je m’en vais me rabibocher avec Faïza.

Ce roman retrace la vie de Zouzou, une jeune femme née d’une mère française et d’un père kabyle, à travers des moments clés de son existence et aussi de l’histoire contemporaine française (la victoire de la France à la Coupe du monde 1998, le tragique 1er tour de l’élection présidentielle de 2002, la canicule de 2003…). Et c’est en ça que j’ai redécouvert Faïza, elle aime ses personnages. Par effet domino, je les trouve attachant et une part de moi espère même qu’ils existent, alors merci Faïza et vivement le prochain !

Terre des oublis de Duong Thu Huong :

 

Qui connaît Dúóng Thu Húóng ? Cette écrivaine devrait être étudiée dans les salles de classe. C’est une romancière mais aussi une « dissidente » politique vietnamienne. En gros, elle a combattu pendant la guerre du Vietnam, elle rejoint un groupe d’artistes pour divertir les troupes du Vietnam du Nord afin de « chanter plus fort que les bombes« . Pendant la guerre, la réalité la frappe au visage : « j‘ai découvert la vérité en voyant que nous [les Nord-Vietnamiens] nous battions aussi contre des Vietnamiens. Oui, nous étions bombardés pendant tout ce temps par les Américains, mais le ciel était trop haut et je ne les voyais jamais. Je voyais des Vietnamiens. »

Elle se joint au parti Communiste en 1985 avec réticence, ayant vu les privilèges accordés aux membres alors que ceux-ci prétendaient se battre pour la démocratie et la liberté du peuple. Dúóng Thu Húóng devient écrivaine en 1986 avec « Histoire d’amour racontée avant l’aube« , mais c’est avec « Au-delà des illusions » qu’elle devient une auteure populaire. En dénonçant les abus de pouvoir et les mensonges des communistes vietnamiens, elle sera expulsée du parti et emprisonnée pendant 8 mois. Jusqu’en 2005, elle vit sous surveillance, et n’a pas beaucoup de libertés. En 2006, elle part vivre en France. C’est donc son roman « Terre des Oublis » qui a reçu deux prix en France que je vous fais découvrir ici.

Mien est une jeune femme vietnamienne mariée à Hoan, un propriétaire terrien, qu’elle aime profondément et avec qui elle a eu un fils. Le roman commence après sa journée de travail dans la forêt, elle découvre en rentrant que son premier mari, disparu pendant la guerre du Vietnam et de retour. Voilà 14 ans, qu’ils ne se sont vu et Bón, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté Mien retourne vivre avec son premier mari.

C’est une histoire d’amour, c’est un roman d’après-guerre magistral qui dénonce les principes moraux et politiques de son pays.

Ce livre est un chef d’oeuvre à tout point de vue et Dúóng Thu Húóng une écrivaine qui mérite votre intention.

Le Goût d’Emma d’Emmanuelle Maisonneuve et Kan Takahama :

Le « Goût d’Emma » est une bande dessinée inspirée d’Emmanuelle Maisonneuve, première femme inspectrice du guide Michelin. Dans ce manga, Emmanuelle Maisonneuve, Julia Pavlowitch, et Kan Takahama racontent les tournées régionales solitaires, les crises de foie, les plats sans saveur ou au contraire extraordinaires, le sexisme de certains restaurateurs, les étoilés etc. C’est une plongée inédite dans le métier d’inspecteur que personne ne connaît.

J’ai lu d’une traite cette bd, elle m’a plu tant dans le dessin que l’écriture. Savoir que l’histoire est écrite par la protagoniste m’a rendu ce témoignage encore plus poignant. Et surtout, cela m’a ouvert l’appétit !


 

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