L’automne est arrivé, on ne sait plus à quel saint se vouer niveau météo. On sort le manteau d’hiver ou on continue de mettre le poum poum short ? La terre gronde son mal-être et nous sirotons nos Perrier en terrasse. Bref, tout va à vau-l’eau ma bonne dame. L’être humain tente de contrôler mère nature, comme l’homme contrôle Mère Nature. C’est donc 3 lectures féministes sous le thème de la possession que je vous livre ce mois-ci.
Camel Joe de Claire Duplan :
Claire Duplan signe sa première bande dessinée avec « Camel Joe. » C’est l’histoire de Constance, illustratrice féministe qui dessine une super héroïne au legging panthère avec des pouvoirs « Camel Joe » donc. Camel Joe part à l’assaut des machos, véritable « défenseuse de zouz et niqueuse de patriarcat, » elle est toujours accompagnée de son Camel Toe « Ninja Pussy. »
Les traits directs et efficaces et l’absence de couleurs accentuent la réalité crue du quotidien des femmes et rend plus expressif encore les scènes vécues par Constance.
Camel Joe est un cri de révolte et je m’inspire à titre personnel de son goût vestimentaire pour cet hiver.
Le ventre des femmes de Françoise Vergès :
Dans cet ouvrage, Françoise Vergès, titulaire de la chaire « Global South(s) » au Collège d’études mondial de la Fondation Maison des sciences de l’homme, politologue et militante féministe, souhaite rendre « hommage aux femmes réunionnaises qui, en 1970, portèrent plainte et témoignèrent contre des hommes blancs occupant des places de pouvoir« . Françoise Vergès met en lumière ce scandale de la France coloniale qui s’est déroulé sur l’ile de La Réunion.
En juin 1970, une enquête est lancée concernant des milliers de femmes avortées et stérilisées sans consentement. La clinique du docteur Moreau à Saint-Benoît et ses médecins sont au cœur d’un large dispositif de contrôle des naissances encouragé par les autorités. Clinique et médecins se sont considérablement enrichis en se faisant rembourser ces actes par la Sécurité Sociale. Le scandale a un retentissement national. D’autant plus contradictoire qu’à cette époque dans l’Hexagone, l’état interdit l’avortement.
Dans cet essai, Françoise Vergès s’interroge sur les causes et les conséquences de ces actes et sur ces disparités. Extrêmement complet et pas évident à lire, il m’a demandé deux mois de concentration et prendre du recul pour digérer toutes ses informations.
The Hate U Give d’Angie Thomas :
« The Hate U Give » est le premier roman jeunesse d’Angie Thomas. Véritable phénomène aux Etats-Unis, en plein mouvement « Black Lives Matter » c’est l’histoire de Starr, une jeune fille afro américaine de 16 ans qui voit son meilleur ami se faire tuer sous ses yeux par un policier (inspirée de faits réels, donc). Elle est le seul témoin de cette scène et elle doit faire le choix d’en parler ou pas.
Angie Thomas réussit à décrire le quotidien et les problématiques que peuvent traverser les jeunes afro-américains aujourd’hui. Originaire de Mississippi, elle sait mieux que quiconque ce que cela engendre d’être une femme noire aux États-unis. Son roman est une nécessité dans le contexte actuel et permet de mettre en lumière le racisme de tous les jours. Parce qu’il n’y a pas qu’aux USA que les autorités tuent, rappelons-nous Adama Traoré et battons-nous pour l’égalité !