Parfaite, tu dois être parfaite. Apprendre à servir, à sourire, à plaire. Les femmes réalisent très jeune qu’elles doivent suivre un chemin tracé depuis des millénaires pour coller au genre féminin sans faire de vagues. Mais faudrait quand même pas pousser mémé dans les orties, on est en 2018 et tout ça est en train de changer.
Du coup, ce mois-ci je te propose trois lectures féministes qui bouscule cette image de femmes parfaites. Je t’emmène découvrir les étapes clefs du changement, un essai sur lesoit-disant « instinct maternel », et le portrait d’une enfant qui a vu sa vie basculée.
Le Féminisme d’Anne-Charlotte Husson et de Thomas Mathieu :
Si tu t’intéresses au féminisme mais que tu sais pas par quoi commencer, c’est par ici que ça se passe. Avec le dessin clair et parfois cocasse de Thomas Mathieu (créateur du projet crocodile), et l’analyse d’Anne-Charlotte Husson (genre !) tu découvres au travers de sept grands slogans, les étapes clefs du mouvement féministe.
Le fameux « on ne naît pas femme on le devient » de Simone De Beauvoir par exemple. Dans ce chapitre, l’essai « le deuxième sexe » de l’écrivaine est abordé, on cause sexualité féminine, genre et identité sociale.
Bon, je vais pas te décrire tous ce qui est traité dans ce recueil mais sache que c’est une bonne initiation au féminisme. Les références fournies te permettront d’aller plus loin dans ta réflexion. Bref, avec ce carnet, un nouveau monde s’offre à toi.
Bakhita de Véronique Olmi :
Le roman du mois est bouleversant. C’est l’histoire (vraie) de Joséphine Bakhita, une enfant élevée au Darfour, enlevée à 7 ans et devenue esclave qui finira religieuse canossienne et sainte.
Les phrases courtes, la poésie même qui se dégagent de l’écriture de Véronique Olmi rendent le livre sans aucun pathos malgré la violence des actes (le sadisme, le viol, la torture, les marches forcées dans le désert, les coups…).
Bakhita a perdu son identité, sa langue, elle survit grâce à une force et une envie de vivre herculéennes. Elle va faire basculer son destin à plusieurs reprises et elle transmettra l’Amour. La lecture de ce roman ne peut que vous toucher, le récit de la vie de Bakhita vous remet à votre place.
Joséphine Bakhita mérite d’être connue et reconnue. Un seul mot me vient à l’esprit en fermant ce livre : PUISSANT.
L’amour en plus d’Elisabeth Badinter :
Bon, alors là c’est du lourd. Il faut prendre le temps de lire cet essai, posey dans ton canapé. Parce qu’Elisabeth blague pas niveau analyse : l’amour maternel est-il un instinct naturel de la femme ou un comportement qui se développe en fonction de la société et des moeurs du moment ?
Alors ? Ca t’en bouche un coin ce débat hein ? A travers une enquête historique poussée, Elisabeth Badinter étudie ce sujet avec passion. Afin de comprendre au mieux les attitudes maternelles durant quatre siècles, elle retrace la place de l’enfant, de l’homme, et de la femme.
Autant te dire que la lecture est parfois déstabilisante. Découvrir que la mortalité infantile au XVII ème et XVIII ème siècle était importante et surtout banale m’a un peu mis la boule dans la gorge. J’ai appris que l’allaitement n’était pas forcément prisé dans les siècles passés même si on nous bassine avec ça aujourd’hui. Et pleins d’autres exemples historiques dingues.
L’Amour en plus est un livre aussi passionnant que dérangeant.
Le féminisme dérange, il bouscule, mais c’est à nous les femmes d’écrire notre destin.