Lectures féministes du mois de février: « Men I feel like a Woman »

Lectures féministes février

Ce mois-ci, je vous réserve trois lectures féministes coups de poing et/ ou coups de gueule (Naomi Alderman, Titiou Lecoq, Ovidie et Diglee). Un roman, un manifeste et un essai qui m’ont mise en colère, m’ont éclairée et même m’ont déçue. En février, on laisse place à la femme qui est en nous, on s’exprime, on s’impose, on prend le pouvoir, comme dirait Shania Twain « Men, I feel like a Woman« !

Le pouvoir de Naomi Alderman

Un roman qu’on attendait et que Margaret Atwood himself a décrit comme « électrisant ». « Le pouvoir » de Naomi Alderman est déjà un classique de la fiction spéculative. Dans ce thriller, on va suivre le destin de 4 femmes et un homme pendant le « cataclysme ». Période pendant laquelle les jeunes femmes (14-15 ans) découvrent qu’elles sont capables de générer de l’électricité et de la contrôler. Elles détiennent un pouvoir (nommé le fuseau): celui de tuer sans arme. Les femmes ont alors le pouvoir de contrôler, de se battre, de dominer.

Pendant toute la première partie du roman, j’avalais les pages avec avidité et plaisir. La délectation de lire que les femmes n’ont plus peur, qu’elles ont la capacité de se défendre et dans certaine situation de dominer l’autre sexe, c’était un pur régal.

Pendant ma lecture, j’attendais avec impatience que la roue tourne, que les hommes ressentent la peur de l’autre sexe. Je me vengeais inconsciemment de cette peur parfois qui m’enveloppe quand je rentre chez moi seule tard le soir, de cet homme qui s’est masturbé devant moi dans le métro, de cet inconnu qui a voulu que je monte dans sa voiture alors que je n’avais que 12 ans. Oui, en lisant ce livre, je me vengeais de cette peur qui m’a envahie et qui parfois encore m’étreint sans que je m’y attende.

Et pourtant, arrivée à la moitié du livre, j’ai décroché parce que finalement j’ai ressenti la peur des hommes telle que je l’ai subie en tant que femme. Alors, oui c’est ce qui fait tout l’interêt de cette dystopie. On parle de changer l’ordre établi, les femmes prennent le pouvoir, la peur change de camp, mais le pouvoir reste le même. A un moment, tout bascule et la violence s’immisce en profondeur. Qu’elle vienne de femmes ou d’hommes, la violence reste la même, et c’est bien ce qui perturbe.

« Le pouvoir » permet de pointer les inégalités et d’éveiller les consciences en dénonçant les travers des hommes et du pouvoir. N’ayez pas peur de lire ce roman, plonger dedans et partager moi vos ressentis, parce que clairement, vous n’en sortirez pas indemne.

Le Pouvoir de Naomi Alderman

Libres de Ovidie et Diglee

« Libres » est un manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels qui devrait être distribués dans tous les collèges. Les filles et les garçons devraient l’étudier pour pouvoir être en paix avec leurs corps. D’ailleurs, Ovidie écrit qu’en matière de sexe « nous sommes les seul.es décisionnaires de ce que nous faisons à notre corps ».

Point info: je rappelle qu’Ovidie est réalisatrice de films pornographiques, productrice et journaliste et Diglee autrice, illustratrice et poétesse. Toutes deux sont des féministes engagées mais pas que…

Il n’existe pas de mode d’emploi, ni de bonnes pratiques en matière de sexe, et ce manifeste propose de décortiquer les injonctions et représentations sexuelles ultra-normées. Ovidie et Diglee ouvrent le chant des possibles en parlant de fellation, de corps, des règles, du twerk,  d’homosexualité, du couple, de la vieillesse, du point G, du clitoris, du voile, des poils, de sodomie etc…

Vous l’aurez compris, ce n’est pas un guide, c’est un recueil de bienveillance. Personne ne nous donne de mode d’emploi pour être comme-ci ou se raser comme-ça, ici place à la liberté, à l’acceptation de soi, à la déconstruction.

Entre les dessins de Diglee hilarants et réalistes, et les expériences personnelles d’Ovidie, on se sent enfin libérer de notre imperfection et ça fait un bien fou.

Libres d'Ovidie et Diglee

Libérées de Titiou Lecoq

Le livre de Titiou Lecoq parle du quotidien ingrat, des lessives, du ménage, du repassage, et de tous ces petits gestes du quotidien qui nous prennent du temps et qui sont le plus souvent effectués par les femmes. Ce n’est pas un manifeste contre les hommes ou qui pointe du doigt les mâles qui n’en foutent pas une rame. Non c’est un constat qui m’a permis de rendre légitime mes ressentis face aux tâches ménagères en tant que femmes et m’a donné quelques clefs de compréhension pour savoir comment j’en suis arrivé là. Avec forces statistiques et études elle affirme que les femmes sont les esclaves du quotidien (dans la majorité des cas). Mais surtout elle répond en parti à LA question: comment faire pour tenter de modifier ce schéma?

La répartition des tâches ménagères prouve que la maison est un territoire féminin et dans ce livre (au-delà de nous donner des exemples concrets personnels et d’asséner des vérités), Titiou Lecoq permet de remettre en question ces fonctionnements acquis antérieurieurement à notre naissance. Grâce à son livre, je me suis sentie moins seule face à mes contradictions. Oui je devance les choses (penser à racheter le liquide vaisselle avant qu’il n’y en ait plus etc…), oui je ne suis jamais oisive chez moi (y a toujours une lessive à faire ou un coup d’aspi à passer), oui parfois je prends les dispositions en fonction de MON ressenti sans imaginer que mon conjoint n’a pas le même (ex: la propreté et l’hygiène sont subjectifs. Les femmes projettent tout de suite des microbes alors même que la poubelle n’est pas pleine, du coup elles vont la changer avant même que les hommes ne s’en rendent compte) etc…

L’autrice parle des réseaux sociaux et du diktat de la perfection, des femmes instagrameuses qui montrent leurs maisons divinement blanches et propres, quand la vérité avec des enfants est tout autre. Elle décrit à la perfection ce sentiment de culpabilité, être coupable de ne pas être cette « parfaite maîtresse de maison ».

Elle passe au crible l’image de la « mégère » que nous exécrons et qui pourtant un jour sera notre lot avec ce fameux « t’as pas fait la vaisselle? »

Ici, on cause aussi des enfants et de la parentalité: comment perçoit-on notre rôle vis à vis de nos enfants, sommes-nous trop présents dans leurs vies? Être mère n’est pas un métier, sinon toutes les mamans seraient riches mais comment faire pour être la mère que l’on souhaite?

Libérées porte bien son nom, il faut se libérer de nos fonctionnements de popotes, essayer de les comprendre pour mieux les vivre. Laisser la place à chacun de s’épanouir tel qu’il.elle l’entend au sein de son foyer au quotidien, que les hommes soient aussi acteurs et que le panier de linge sale ne soit plus ramasser par la même personne.

Libérées de Titiou Lecoq

 

En ce mois de février enneigé, rien de tel que des femmes libérées pour vous faire vibrer et apprendre à devenir qui vous voulez être. Chères femmes, ne ramassez pas cette chaussette sale qui traîne, prenez enfin le pouvoir de votre vie!

 

2 Comment

  1. J’ai un score de 2 sur 3, il me manque le livre de Titiou Lecoq et je vais remédier à ça bientôt. Merci pour les recommandations qui donnent envie!

    1. Mawee says: Répondre

      Parfait ! Le livre de Titiou Lecoq est vraiment une pépite. El te fait réaliser tout un tas de trucs que tu fais sans même t’en rendre compte…
      Du coup, quels sont les livres que tu recommanderais ?

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