La Provence Party II – Les alentours d’Aix

Aix en Provence c’est sympa mais prendre la poudre d’escampette et visiter les alentours c’est encore mieux.

Direction La montagne Sainte Victoire, cette belle dame qui culmine à 1011 mètres, icône de ce « grand site de France » labellisé en 2004 et immortalisée par Cézanne. Rien de tel, pour écouter les cigales et surtout pour baptiser le poum poum short, qu’une randonnée pédestre dans la montagne. On choisit avec l’aide du préposé barbu au point info situé à l’entrée du barrage de Bimont, une randonnée estimée à 3 heures de marche plutôt soft en dénivelé mais avec une vue exceptionnelle sur la Sainte Victoire (ndlr la grosse montagne).

On accède donc à notre sentier par ce fameux barrage gigantesque qui date de 1952, il peut contenir 40 millions de m3 d’eau et permet d’alimenter la zone industrielle de l’Arc et la centrale thermique de Gardanne. L’eau a une couleur plus pure que les yeux bleu de Benoît Magimel, on dirait un paysage de carte postale, on ne peut malheureusement pas s’y baigner mais bou diu c’est pas l’envie qui manque.

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On est donc là sur le sentier, à mettre un pas devant l’autre et à entonner des chansons de colonies de vacances « à la file indienne, indienne, indienne… » et là le drame: aucune cigale. Rien, nada, walou. Pas un seul chant, pas une once de kss kss, la déception est immense mais c’est sans compter sur l’imitation on ne peut plus parfaite de la cymbalisation par ma BFF (elle le sait pas encore mais je l’ai inscrite à « un Incroyable Talent ». D’ailleurs si tu me lis, moi aussi je t’aime. Bisous 😉 ).

Pendant ces 2 heures (oui parce qu’au final, le temps estimé est une totale hérésie et que nous, on blague pas niveau marche à pieds tu vois), y a eu beaucoup de « putain, c’est vraiment beau… Je t’ai déjà dis que c’était beau?! » et pas mal de « nan, mais c’est ouf la nature. »

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Donc là, tu peux le dire toi aussi: « c’est beau hein?! »

Pour faire perdurer cette instant de magie et aussi un peu casser la croute, nous allons au petit village de Vauvenargues. Là-bas, tu trouveras des maisons typiquement provençales, des citations de Luc de Clapiers marquis de Vauvenargues (écrivain du XVIIIème siècle) accrochées aux volets, la maison de Picasso et un restaurant marocain. Autant te dire que les cornes de gazelles et le thé à la menthe avec vue sur la Sainte Victoire ça a de la gueule.

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La petite bicoque de Picasso

Après cette pause détente, rien de tel pour la digestion que la visite d’un camp de déportation. Parce qu’on a le sens des priorités, on décide malgré le soleil au zénith et la température idyllique (21 degrés) d’aller au camp des Milles.

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Pas loin d’Aix en Provence, se trouve l’unique camp d’internement et de déportation français intact. Ce site a été inauguré en 2012 (autant dire hier), et il est nécessaire d’y aller pour plusieurs raisons: la mémoire, la réflexion, le recueillement. Et pour pleins d’autres encore, mais je te laisse le soin de compléter et surtout d’y aller. Ce jour-là, y avait dégun comme on dit dans le sud, et j’étais très étonnée de me retrouver sur ce site presque seule (on était deux quoi).

Le musée est composé de trois parties et je te conseille d’avoir une demi journée devant toi parce que tu vas:

  • lire beaucoup, ça c’est la partie historique, biographie du camp et explication de la montée des périls en Europe,
  • écouter et regarder pas mal, là tu visites le camp, tu te projettes dans la vie des internés, c’est la partie mémoire,
  • réfléchir énormément, peut-être le volet le plus intéressant parce qu’il te touche directement avec des questions telles que « Que ferais-je demain si…? », un film immersif du racisme au génocide.

Je suis sorti de ce camp avec beaucoup de questions, un peu de colère et des envies de changements. Ce site est une photographie de la folie de l’Homme et sur certains aspects j’ai eu l’impression que notre vie actuelle en France se rapprochait dangereusement de ce passé sulfureux (racisme, passivité, effet de groupe, stéréotype…) pas si lointain. « Ne rien faire, c’est laisser faire ».

Pour se remettre de cette introspection, on prend le large direction l’Isle sur la Sorgue, un incontournable de la région, aka la Venise provençale.

Cette ville est traversée de plusieurs canaux  alimentés par la Sorgue. Rues anciennes et étroites, petits ponts et surtout grandes roues à aubes entraînées par la Sorgue, il semble que ce soit l’endroit touristique par excellence.

De renommée internationale de part ses antiquaires et brocanteurs (plus de 500 quand même), tout le beau monde est ici. Y avait gavé de gens (en plus c’était jour de marché), et personnellement je n’ai trouvé qu’un intérêt riquiqui à cette bourgade.

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En Provence, tu as aussi le Colorado, un endroit magnétique (s’il y avait moins de touristes): les « Ocres de Roussillon ». Les ocres, hein pas les ogres.

Roussillon, petit village perché dans la montagne et agréable pour un perrier tranche avec vue sur la nature, offre des couleurs flamboyantes. Pour 2.5 euros, tu suis un sentier sur lequel la terre est rouge, parfois jaune, orangée et en fonction de la luminosité violette ou verte. Comment c’est possible? Deux versions s’opposent:

  • les scientifiques expliquent qu’avec le retrait de la mer (y a des millions d’années), les gisements calcaires ont été transformées (avec les pluies diluviennes) en sable ocreux
  • les romantiques racontent que Dame Sermonde vivait au château de Roussillon avec son mec Raymond. Sauf que Raymond part chasser Bambi beaucoup trop souvent, du coup Dame Sermonde se retrouvant seule toute la journée, et même parfois la nuit, tombe amoureuse de Guigui (l’apprenti chevalier). Bon, ben Raymond l’apprends, il tue Guigui lors d’une partie de chasse et fais manger le cœur de l’amant à Dame Sermonde sans qu’elle le sache. Forcément quand elle découvre l’histoire, elle pète un boulard et saute de la plus haute tour du château dans le vide. C’est donc son corps ensanglanté qui colore les terres de Roussillon. Cette histoire est quand même bien plus plausible.

Pour finir en apothéose cette découverte des alentours d’Aix, on part faire un tour au coucher de soleil aux Baux de Provence. L’un des plus beaux villages de France, c’est dire! Il est 19 heures, pas un chat dans les ruelles escarpées de cette cité perchée dans le massif des Alpilles. On profite en silence du coucher de soleil, avec pour seul compagnon le mistral.

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La Provence c’est beau. Très beau même.

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